1 octobre 1831 : Testament de Saveuse

Résumé de la lettre

Testament olographe de Jacques-Philippe Saveuse de Beaujeu dans lequel il lègue à  Catherine Chaussegros de Léry, son épouse, tous ses biens et l’usufruit des seigneuries de Soulanges et de Nouvelle-Longueuil ainsi que ses propriétés dans le canton de Newton. Le testament renferme plusieurs dispositions parmi lesquelles Jacques-Philippe cède à  son fils Georges-René, au décès de sa mère, la propriété de ses seigneuries. Certaines dispositions touchent au respect du testament de 1806 de Joseph-Dominique-Emmanuel Le Moyne de Longueuil, au versement d’une rente à  Catherine-Charlotte, sÅ“ur de Georges-René, et certaines conditions et restrictions relatives à  la vente des seigneuries.

Mots clés

Activités économiques, relations familiales

Transcription


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Lettre du 1 octobre 1831, page 1

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[1 octobre 1831]

Au nom de la Très S[ainte] Trinité,
Père, Fils et S[aint] Esprit

Je soussigné Saveuse de Beaujeu
Seigneur des Seigneuries de Soulange et de
La Nouvelle Longueuil situées dans le
district de Montréal dans la Province
du Bas Canada. Dans la vue de la mort
et craignant d’en àªtre prévenu sans avoir
disposé de mes dernières volontés, après m’àªtre
retire dans mon cabinet, et avoir demandé
les lumières nécéssaires pour faire
une juste disposition de mes biens et satisfaire
aux obligations de ma conscience, j’ai fait
et écrit mon testament et ordonnances
de dernières volontés, sans induction, ni
suggestion de personne, de la manière
et ainsi qu’il suit.

Premièrement je recommande
mon à¢me à  Dieu, le suppliant
d’en avoir pitié, et me pardonner mes
péchés. Je désire àªtre inhumé
(si je meurs dans en cette ville) dans les voutes
de la nouvelle église. Paraphé S.B.

(2) église paroissiale, mais sans appareil ni
cérémonial, m’en rapportant a ce sujet à 


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Lettre du 1 octobre 1831, page 2

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à  la prudence de mon épouse pour
régler mes obsèques et funérailles, et faire
dire les messes et prières pour le repos de mon à¢me.

Secondement j’ordonne et désire
que mes dettes soient payées et torts réparés
par mes exécuteurs ci après nommés.

Troisièmement je donne et lègue
à  Dame Catherine Chaussegros De Léry
mon Epouse, tous les biens meubles et effets
mobiliers, or et argent monnoyé et
non monnoyé et toutes les dettes actives,
rentes et intéràªts qui m’appartiendront et
me seront dues au jour de mon décès à 
quelque titre que ce soit, la déchargeant
et exemptant d’en faire faire inventaire
voulant et ordonnant que ceux de mes
héritiers quels qu’ils soient qui en
demanderont inventaire, soient privés de
toute part en ma succession, pour par
ma dite Epouse, jouir, faire, user et disposer
des dits meubles et effets mobiliers, or et
argent monnoyé et non monnoyé,
dettes rentes et intéràªts en pleine
(paraphe) S.B.

(3)
pleine propriété et comme bon lui semblera
aux conditions et charges suivantes savoir
que ma dite Epouse au moyen du présent legs
sera tenu dans l’an de mon décès de renoncer
à  tous droits qu’elle pourrait avoir et prétendre
dans


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Lettre du 1 octobre 1831, page 3

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dans la communauté de biens qui existe entre
nous et à  tous droits qu’elle pourrait avoir et
prétendre dans la communauté de biens qui
existe entre nous, et a tous ses droits et
reprises matrimoniales quelconques, et que
ma dite Epouse sera tenue de payer et
acquitter mes frais funéraires et toutes mes
dettes mobilières et en outre sous la condition
que si ma dite Epouse survit à  nos enfants
sa succession demeurera chargée de payer
une somme de deux mille livres cours actuel
de cette province à  mes plus proches héritiers.
Si ma dite Epouse ne veut pas accepter le
présent legs à  ces charges et conditions, et
préfère accepter la communauté de biens
qui existe entre nous, et exercer ses droits
et reprises matrimoniales, le present legs
demeurera nul et caduc, et dans ce cas,
je veux et ordonne que mes frais funéraires et
(paraphe) S.B.

(4)
et dettes mobilières prealablement payées,
ma dite Epouse jouisse en usufruit pendant
la vie et jusqu’au jour de son décès, du reste de
tous les biens meubles et effets mobiliers, or
et argent monnoyé et non monnoyé, et de
toutes les dettes actives, rentes et intéràªts qui
m’appartiendront ou me seront dus au
jour de mon décès a quelque titre que ce
soit à  la charge seulement d’en faire faire
inventaire dans l’an et jour de mon décès
sans àªtre tenue de donner aucune caution
voulant que le dit usufruit éteint la propriété en


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Lettre du 1 octobre 1831, page 4

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en retourne à  mes héritiers.

Quatrièmement, je donne et lègue à 
ma dite Epouse, soit qu’elle accepte le legs ci
dessus, soit qu’elle y renonce, l’usufruit et
jouissance pendant la vie et jusqu’au jour de
son décès, de mes fiefs et seigneuries de Soulanges
et de la Nouvelle Longueuil situés dans ce
district, avec toutes les terres, héritages, moulins
domaines, manoirs et maisons qui en dépendent
ensemble l’usufruit et jouissance de mes deux
maisons, l’une située dans la ville de Montréal
sur les Rues Notre Dame et S[aint] Jacques et l’autre
au faubourg S[aint] Antoine avec tous le terrains
dépendants de chacune, comme aussi de la part
paraphé S.B.

(5e)
qui appartient dans le Township de Newton
attenant à  la profondeur de la d[ite] seigneurie de la
Nouvelle Longueuil et généralement de tous les immeubles
qui m’appartiendront au jour de mon décès, circonstances
et dépendances, sans aucune reserve ni exception
quelconque et sans àªtre tenue d’en faire faire inventaire
voulant et ordonnant que ceux de mes héritiers
quels qu’ils soient qui en demanderont inventaire
soient privés de toute part en ma succession,
pour par ma dite Epouse commencer la jouissance
des dits biens, à  compter du jour de mon
décès, et en user en bonne mère de famille pendant
la vie, aux conditions et charges suivantes, savoir
à  la charge de nourrir et entretenir nos enfants
d’une manière convenable, et de remplir et acquitter
à  màªme les revenus des dites Seigneuries et autres
immeubles, en rentes et capitaux a fure et à 
mesure qu’ils seront exigibles toutes les charges
et obligations qui me sont imposées par le
testament de feu l’Honorable Joseph D. E. Lemoine
de Longueuil mon oncle, reà§u devant Me
Chaboillez et son confrère notaires a Montréal le


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Lettre du 1 octobre 1831, page 5

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le 21e novembre 1806 et que je n’avais pas
acquittés de mon vivant et sous la condition
que tous les arrérages de rentes et droits seigneuriaux
faisant partie de ceux compris au présent legs
qui se trouveront dus au jour du décès de ma dite
Epouse appartiendront a mes héritiers sans àªtre tenus
<d’en rendre aucun compte aux héritiers> de
ma dite Epouse.

Cinquièmement je donne et lègue le fond et propriété
de mes dites seigneuries de Soulanges et de la
Nouvelle Longueuil avec toutes les terres héritages
moulins, manoirs, domaines, et maisons qui en
dépendent ensemble la propriété de la part qui
m’appartient dans le d[it] Township de Newton
le tout sans aucune Reserve ni exception à 
George Réné de Beaujeu mon fils ou à  ses
descendants légitimes, qui en entrera ou entreront
en propriété et possession dès le jour du décès de
ma dite Epouse a qui j’en ai ci dessus légué
l’usufruit et percevra ou percevront les arrérages
des rentes et droits seigneuriaux qui seront dus
au jour du décès de ma d[ite] Epouse, et pour du
tout jouir alors en pleine propriété aux charges
suivantes, savoir à  la charge que le dit George
Réné ne pourra vendre ni autrement aliéner
engager ou hypothéquer la propriété des dits
biens du vivant de sa mère et sans son
consentement par écrit ni après le décès de
sa mère, à  moins qu’il n’ait atteint l’à¢ge de
trente ans révolus à  la charge en outre de
par lui remplir et acquitter a màªme les
revenus des dits biens, à  fure et à  mesure qu’ils
seront exigibles en rentes et capitaux, toutes
les charges et obligations qui me sont imposées
par le testament du dit Honorable De Longueuil et qui


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Lettre du 1 octobre 1831, page 6

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qui n’aurait pas été acquittés en mon
vivant ou du vivant de ma dite Epouse, à  la
charge encore de par lui, payer, fournir et
faire valoir à  Catherine Charlotte de Beaujeu
sa soeur, sa vie durant et jusqu’au jour de son
décès la somme de trois cents soixante livres
du cours actuel de cette province de rente
annuelle, laquelle commencera a courir
du jour du décès de sa mère ma dite Epouse et
sera par lui payée en deux termes et payements
égaux de six mois en six mois et dont le premier
terme sera du et exigible, six mois après le
décès de ma dite Epouse, enfin à  la charge de
par lui, payer après le décès de la d[ite] Catherine
Charlotte sa soeur, aux enfans et descendants
de la d[ite] Catherine Charlotte, nés en légitime mariage
aussità´t qu’ils auront (paraphe S.B.)

(8)
auront atteint l’age de majorité, par égale
portion et par souche, la somme de six mille
livres du d[it] cours actuel de cette province, dont
l’intéràªt sera par lui payé annuellement
jusquâ€™à  la majorité des dits enfans et descendans
légitimes de la d[ite] Catherine Charlotte et jusqu’au
parfait payement de chacune leur part en icelle
et dans le cas de décès de la d[ite] Catherine Charlotte
sans enfants ni descendants, le dit George Réné
son frère sera alors quitte et entièrement
déchargé de la d[ite] rente capital et intéràªt et le tout
lui retournera et appartiendra.
Et dans le cas ou le dit George Réné mon
fils survivant sa mère et du vivant de sa soeur viendrait


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Lettre du 1 octobre 1831, page 7

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viendrait à  décéder sans enfans ni descendants
en légitime mariage, je veux et ordonne que les
dites seigneuries de Soulanges et de la Nouvelle
Longueuil et leurs dépendances, ainsi que ma part
dans le dit Township de Newton, soient et
appartiennent en pleine propriété à  la dite
Catherine Charlotte de Beaujeu ma fille, et à  ses
enfans et descendants et au décès de ma d[ite] fille
sans enfans ni <(paraphe S.B.)(9)> descendants, les dite deux
seigneuries et leur dépendances, et ma dite part
dans le dit Township de Newton, retourneront
et appartiendront alors à  mes plus proches héritiers.

Sixièmement je donne et lègue à  la d[ite]
Catherine Charlotte de Beaujeu ma fille, le fond
et propriétés de mes maisons l’une située en cette
ville sur la rue notre Dame avec tout le terrain
y attenant situé sur la rue S[aint] Jacques, et l’autre sur
la Grande rue du faubourg S[aint] Antoine de
Montréal avec la prairie y attenant circonstances
et dépendances, sans aucune reserve ni exception
pour par elle en prendre possession et propriété
dès le jour du décès de ma dite Epouse, a qui j’en
ai ci dessus légué l’usufruit. Le présent legs
est fait, à  la charge que la d[ite] Catherine Charlotte
ma fille, ne pourra vendre ni autrement
aliéner, ou engager ni hypothéquer la propriété
des dites maisons, des dits terrains, et de leurs
dépendances, du vivant de ma dite Epouse sa mère
et sans son consentement par écrit, ni après le
décès de sa mère, a moins qu’elle n’ait atteint
l’age de trente ans accomplis et dans le cas
(paraphé S.B.)


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Lettre du 1 octobre 1831, page 8

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(10)
cas ou la d[ite] Catherine Charlotte, survivant
sa mère, et du vivant de son frère, viendrait
à  décèder sans enfants ni descendants ni
descendants en légitime mariage, je veux et
ordonne que mes dites deux maisons et terrains
leurs circonstances et dépendances soient et
appartiennent alors en pleine propriété au dit
George Réné mon fils, et a ses enfants et descendants
légitimes.

Septièmement si ma dite Epouse jugeait
convenable pour le plus grand avantage de ma
succession et de mes enfants de vendre la part
qui m’appartient dans le dit Township de
Newton et mes maisons sur désignées ainsi
que les terrains qui en dépendent ou aucune
partie d’eux, je l’autorise à  ce faire, à  la charge
néanmoins que le prix de vente appartiendra
et sortira nature de propre a celui de nos enfans
dont la propriété ci dessus léguée, aura été
vendue, et que la moitié du prix de vente
restera entre les mains de l’acquereur qui en
paà¯era annuellement l’interet, jusquâ€™à  ce
qu’elle soit payée a celui de mes enfants qui
devra la recevoir après le décès de ma dite
(paraphé S.B.)

(11e)
epouse qui en a l’usufruit, me reposant
entièrement sur la prudence et discretion de ma
d[ite] Epouse pour l’emploi de l’autre moitié
du prix de vente qu’elle recevra comptant
ou suivant les termes qu’il lui plaira
accorder pour icelle àªtre payée après le décès


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Lettre du 1 octobre 1831, page 9

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décès de ma dite Epouse à  celui de mes enfants
qui devra la recevoir.

Huitièmement comme il pourrait arriver
que mes enfants, ayant eu le malheur de
perdre leur mère, voudrait passer en Europe
pour s’y fixer, je les autorise dans ce cas a
vendre respectivement les héritages dont la
propriété leur est ci dessus léguée, et en
recevoir le prix de vente, en par le d[it] George
René laissant sur mes seigneuries assez pour
satisfaire aux charges et obligations qui me
sont imposées par le testament de feu
l’Honorable De Longueuil, et payant à  la
d[ite] Catherine Charlotte sa soeur, une somme
de six mille livres du d[it] cours actuel ce cette
province, pour demeurer quitte envers elle
de sa d[ite] rente annuelle, et envers ses enfans et
descendants de pareille somme de six mille
livres du d[it] cours qu’il est tenu de leur payer
après le décès de la d[ite] Catherine Charlotte sa
soeur, suivant une de mes
(paraphé S. B.)

(12)
mes dispositions ci dessus.

Neuvièmement pour exécuter mon
présent testament je nomme et choisis la
d[ite] Dame Catherine Chaussegros De Léry
mon Epouse, et je me dessaisi entre ses
mains et lui remets a cet effet tous mes biens
voulant qu’elle en soit saisie à  l’instant de
mon décès, je revoque tous autres testaments et


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Lettre du 1 octobre 1831, page 10

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et dispositions a cause de ma mort que j’ai
pu faire avant le présent qui contient mes
dernières volontés.

J’ai fait ce présent testament que
j’ai écrit et signé de ma main en six feuilles
chacun de deux pages, dont il y en a treize
entièrement écrites paraphées et signées
(paraphé S.B.)

(13)
de ma main. Fait dans ma maison
située en la ville de Montréal Rue notre
Dame, ce premier octobre mil huit cent
trente et un.

Signé S. de Beaujeu avec paraphe
1831

Collationné sur la minute du testament
olographe de feu l’Honorable Saveuse
de Beaujeu lequel a été déposé entré
dans les registre de cette cour et prouvé devant
l’Honorable Juge De La Cour du Banc du
Roi George Pyke Ecuier et est conservé comme
minute dans les archives de la Cour du Banc
du Roi du district de Montréal et a été
expédié moubre pour vrai copie par nous
protonotaire de la d[ite] Cour.
Montréal le 4e mai 1833
[signé] Monk....


P03/B.073, Fonds De Beaujeu, Centre d'histoire La Presqu'à®le

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