1 avril 1802 : Lettre de Franà§ois-Charles à  ses parents

Résumé de la lettre

Franà§ois-Charles écrit de Londres à  ses parents Louis Liénard de Beaujeu et Geneviève Le Moyne de Longueuil, habitant au Canada. Franà§ois-Charles leur annonce qu’il est toujours en Angleterre avec Amédée et qu’ils ne sont pas encore repassés en France. Il espère pouvoir récupérer de l’argent de St-Domingue. Il assure à  ses parents, qu’une fois ses problèmes d’argent résolus, il viendra les retrouver au Canada.

Mots clés

Activités économiques, organisation sociale, réalités politiques

Transcription


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Lettre du 1 avril 1802, page 1

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Londres ce 1 avril 1802.

Mon cher papa, ma chere maman,

J’ai reà§u de vos nouvelles l’année derniere par mon
oncle, ainsi que par mes freres. Combien je remercie
la providence de vous conserver des jours qui me
sont aussi chers, des jours, que je voudrois voir
prolonger au dépens des miens!

Daprès mon dernier plan, vous me croyez sans
doute, parti pour France? Non, il n’en est rien
encore. Les affaires, devenant pour moi, méilleures
que jamais, ( puisque les Francois ont envoyé des
troupes à  St. Domingue ) m’ont engagé a ne pas
precipiter mes démarches et a retarder mon
départ jusqu’aux prémiéres bonnes nouvelles qu’on
aura de ce paà¯s[1]. Ce sera alors, qu’ayant la
certitude de réussir pour mon fils qui, selon
les lois n’est pas regardé comme émigré[2], que
je hazardrai tout, pour recueillir les débris de
son ancienne fortune.


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Lettre du 1 avril 1802, page 2

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Quand j’aurai satisfait a ce qu’un père doit à  son
fils, surtout à  un àªtre foible, sans expérience
qui ne peut encore se conduire sans mes conseils;
qu’il me sera doux alors, de pouvoir répondre aux
sentimens de mon cÅ“ur, en me rendant auprès
d’un père et d’une mère dont je n’ai càªssé de
pleurer l’eloignement[3]. Remettons d’aussi doux
projets entre les mains de la providence, ils
sont trop sacrés pour ne pas réussir.

Adieu, les plus respectés, les plus chéris des
peres et des mères, que ne puis je inventer
un langage nouveau pour mieux vous peindre
tout l’éxcès de ma tendresse.

Je suis avec ces sentimens,

Mon cher papa et ma chere maman

Votre très humble, très affectionné,
et très soumis fils

De Beaujeu.


P03/A.230, Fonds De Beaujeu, Centre d'histoire La Presqu'à®le

Notes

  1. Le 14 décembre 1801, Napoléon Bonaparte avait envoyé des troupes à  St-Domingue. Cette expédition était commandée par son beau-frère, Charles Victor Emmanuel Leclerc, l’époux de Pauline Bonaparte, la sÅ“ur de Napoléon. Lors de cette expédition le général Leclerc commandait une troupe de militaires chargés de ramener l’ordre dans la colonie.
  2. L'arràªté du 20 octobre 1800 stipule que les enfants mineurs de seize ans à  la date du 25 décembre 1799 sont retirés de la liste des émigrés. Amédée est alors à¢gé de 11 ans.
  3. Franà§ois-Charles a fort peu connu ses parents puisqu’il a quitté le Canada pour la France alors qu’il n’avait que dix ans.
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