4 mars 1781 : Lettre de Doutreleau à  Joseph-Dominique-Emmanuel

Résumé du document

Jean Doutreleau, procureur franà§ais, écrit à  Joseph-Dominique-Emmanuel, son client au Canada. Les difficultés des communications entre le Canada et l'Europe rendent l'envoi du courrier précaire. Dans cette lettre, Doutreleau prodigue des conseils à  ce sujet tout en donnant quelques nouvelles sur la situation politique en France. Il annonce sa prochaine retraite et avertit JDE qu'il ne pourra plus s'occuper de ses affaires en France. Doutreleau n'a pas vu Franà§ois-Charles et ne sait pas o๠il demeure. La montre de Paul-Joseph, qu'il doit remettre à  Franà§ois-Charles, est toujours en sa possession.

Mots clés

Activités économiques

Transcription


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Lettre du 4 mars 1781, Doutreleau à  Joseph-Dominique-Emmanuel

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Paris le 4 mars 1781

M[onsieur] le baron de Longueuil
Jay receu mon cher Monsieur les 2 duplicata que
vous m’avés ecrit d[ont] une contenoit 2 certifficats de vie
ce qui devenoit inutile, il valloit mieux mettre le 3e sur
un 3e vaisseau seulement sous envelope, je croi pourtant
qu’une fregate ou vaisseau de guerre sont plus seurs q’un
vaisseau marchand qui est la proye des corsaires qui
en prennent des quantités.

Je scai que votre flotte marchande a eté considerablem[ent]
endommagé. Il y a eu cette année derniere bien des
vaisseaux de pris de part et d’autres, il faut esperer
que cela finira bientot, car il y a un congres
de nommé pour traitter de la paix mais je croi
que la guerre pouroit bien duree des années.
Notre controlleur general qui pour le bonheur
de la France est toujours en place quoy que tous les
fermiers qui nous devoroient et s’enrichissoient
au depand de tout le monde, le detestent, mais il
s’en moque ayant un Roy qui panse comme luy
pour le bonheur de la France et qui a commancé
par supprimer 500 officiers de sa maison qui
ne servoient qu’a la gruger. Ce controlleur general
a desja augmantés les revenus du Roy de 27 milions.
Les anglois màªme en ont fait plaint parlement
les plus grands eloges et par son credit vient de
trouver a emprunter 130 milions en un mois qui


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feront les fraix de cette campagne sans mettre
aucun impot.

Je ne feray rien de tout ce que jay a vous. Vous pourées [encore]
me le marque cette année quoy que vous viviés cherement
vous etes tranquille au lieu que nous vivions plus
cherement que vous. Nous sommes toujours dans
l’inquietude de quelque avanture.

Jay eté charmé que vous ayés eté payé de la lettre de
change de mil ecus sur M Grant et jay accepté celle de
100 louis que vous avés tiré sur moy, et vous pouvés
en seureté tirer sur moy mil ecus pour le courant
de mars, et cent louis pour le premier juilliet
car les payements sont un peu retardés. Les lettres
du Canada qu’on avoit coutume de commancer a payer des
les premiers lundy de janvier n’ont commancé a
l’etre cette année que le 8 de mars et ne finiront
a l’etre qu’a la fin de juin.

Je ne vous envoye pas votre compte cette année
mais je vous les enveray l’année prochaine par
triplicata, et je suis faché de vous prevenir que ce sera
la derniere année que je receveray pour vous. J’auray
77 ans et il faut mettre une intervalle entre la
vie et la mort. Vous scavés que ce sont des receveurs


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de la ville que l’on charge de recevoir les rantes sur la ville
et qui prennent 4 deniers par livres pour les personnes de Paris
et 6 deniers pour la province et je paye les quatre deniers
pour vos rantes sur la ville comme pour les màªmes. Si
vous n’avés personne et que vous voulliés vous serv[ir]
du màªme c’est un fort honnete homme et tres [...]
Vous n’aurés qu’a envoyer une procuration le [...]
en blanc et je veilleray et l’instruiray de tout [ce qu’il]
faudra faire touchant ce qui vous consernera et vo[us]
ecriray tous les ans tant que je viveray et il vous e[n]
coutera meilleur marché.

Je n’ay p໠envoyer a M[onsieur] Beaujeu votre montre ne
sachant pas ou il demeure ny les occasions, et
n’ayant pas veà» M[onsieur] l’abé de Beaujeu depuis [que je]
l’ay engagé a faire quelque chose pour son neveu.
Jay ecris a Mad[ame] Germain que je luy remetteroit
le cachet qui luy sera inutile n’etant pas les armes
de son mary.

Je vous prie d’asseurer Madame de mes respects. Vous
devriés bien luy faire un enfant, et je vous prie
d’etre persuadé que tant que je viveray je seray
charmé de vous rendre tous les services qui depanderont
de celuy qui a l’honneur d’etre avec toute l’amitié
et la consideration possible Monsieur votre tres
humble et tres obeisant serviteur

Doutreleau

<Donnés moy une adresse seure a Londres pour vous adresser vos
lettres.>


P03/H.090, Fonds De Beaujeu, Centre d'histoire La Presqu'à®le

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